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Tous les deux ans, les Jeux olympiques nous amènent à ressentir cette flamme qui est présente chez toutes et tous. On songe soudainement à acheter des équipements sportifs ou, si on en a, à les sortir du shed ou du sous-sol. On ski, on court, on nage soudainement comme un(e) olympien(ne). Coudonc… j’ai peut-être une chance de me qualifier aux prochains jeux… juste perdre mes 10 kilos de trop et ça va aller…non!?... .
Emblème symbolique des jeux, la flamme olympique remonterait (selon Book Wikie) à la « Grèce antique, quand un incendie a continué à bruler pendant toute la période de célébration des anciens Jeux Olympiques ».
Le concept de la flamme a été réintroduit aux Jeux olympiques de 1928 et fait partie du cérémonial des Jeux olympiques modernes depuis.
La flamme symbolise aussi le feu qui brule dans le cœur de nos athlètes et qui est synonyme de passion, de détermination et d’espoir. Cette flamme est souvent contagieuse et, comme tout bon feu, attire les gens. On la regarde, on l’admire et on tente de l’activer. En tout cas on veut s’y rapprocher. Elle devient soudainement notre flamme à nous et pire encore; MA flamme à MOI. Après tout c’est MOI qui ai parti le feu! J’y ai aussi investi plein d’argent et c’est clairement grâce à MA recette (secrète hi, hi, hi) que cette flamme brille ainsi! Soudainement ce n’est plus la flamme de l’athlète, mais celle du coach, du parent ou du programme. Ouais on DOMINE! Regardez-nous on est meilleur que tout le monde!
Revenons au feu…
Comment allumer et maintenir un feu 101
Récemment quelqu’un tentait de m’expliquer le concept du régime Keto en utilisant le feu comme exemple. Je ne veux certainement pas aborder des principes de nutrition ici, mais l’exemple du régime Keto peut m’aider à expliquer les principes du feu.
Il y a trois façons de partir un feu.
Le premier consiste à utiliser du papier et du bois d’allumage. Il s’agit sans aucun doute de la méthode la plus certaine, la plus facile et surtout la plus rapide. On y met le paquet ici! Papiers, bois d’allumage et même un peu d’huile! La plus grande quantité de bois d’allumage on met et le plus fort sera la flamme. Wow! Check ça! On se sentira bien près du feu qui brillera d’une flamme impressionnante. Malheureusement pas pour très longtemps cependant et la flamme s’affaissera puis on ira chercher ailleurs.
La deuxième méthode est de mettre des bûches dès que le papier et le bois d’allumage auront fait leur boulot. Les bûches bruleront pour une période beaucoup plus longue et maintiendront une flamme probablement moins impressionnante, mais certainement plus constante. On y ajoutera des bûches de temps en temps. Le truc ici est de ne pas trop activer le feu afin de s’assurer que chaque bûche brule le plus longtemps possible. On obtient ainsi une belle flamme qui durera beaucoup plus longtemps.
Puis il y a le charbon. Le charbon prendra beaucoup plus de temps à s’allumer, mais une fois fait, il durera longtemps. Il aura initialement eu besoin de bois d’allumage et de bûches afin de s’allumer. Sa flamme sera clairement moins visible et sera moins attirante, mais elle est là et elle sera là pour un bon bout de temps.
Mais de quoi y parle le monsieur!?
En fait de deux choses :
Dans tous les cas la flamme appartient entièrement à l’athlète. Notre rôle consiste seulement à permettre à la flamme de bruler idéalement pour la vie. Cette flamme doit briller même sans médailles d’or. Parallèlement le désir d’un entourage (programme, parents, athlètes) à voir un(e) athlète atteindre les plus hauts niveaux de la performance a le risque d’éteindre à tout jamais la flamme qui brillait chez l’athlète. Notre boulot est d’allumer du charbon… pas du papier.
Puis la victoire à tout prix veut dire qu’on est prêt à tout faire pour atteindre la victoire. On risque ici de ne pas voir ou pire, d’ignorer les signes que la flamme est en train de s’éteindre. La tendance ici sera de mettre de l’huile dans le feu. MA flamme est en train de s’éteindre! OH non!
La Fédération québécoise de ski alpin a mis de l’avant une philosophie où le bien-être des athlètes servira de toile de fond pour tous nos programmes. Le développement à long terme veut dire exactement cela : développer des athlètes qui seront outillé(e)s à vivre sainement et pleinement leur vie et ce, pour la vie. Parallèlement la science sportive nous amène dans une voie où la capacité de développer des habiletés dans plusieurs sports avant l’âge de 14 ans est gage d’un meilleur succès sportif à long terme dans le sport choisi.
De son côté, la spécialisation hâtive perd de plus en plus son sens pour la science sportive et ce, pour la majorité des sports. L’Or ne doit jamais venir « à tout prix » alors que la victoire à U12, U14 et U16 n’est pas gage de succès à U21 ou SR en ski alpin. Des recherches démontrent en fait que les athlètes qui auront eu un plus grand volume d’entrainement spécifique dans un sport à bas âge (p. ex. U12) risquent de développer éventuellement plus de blessures, ainsi que des problèmes de nutrition et autres problèmes liés à la dépression.
Revenons au régime Keto
Il est complètement contre intuitif de manger du gras afin de perdre du gras. Pourtant les lipides offrent un meilleur carburant chez l’être humain pour le long terme que le sucre et permettent effectivement au final de perdre plus de gras. Il est aussi contre intuitif de faire moins de volume spécifique en ski alpin à bas âge et de se concentrer sur le développement des habiletés au lieu de juste tenter d’améliorer les chronos. Il est aussi contre intuitif de pratiquer plusieurs sports sans se spécialiser dans un seul avant U14. Pourtant c’est ce que les Norvégiens font. La Norvège développe des sportifs avant tout. Le succès international dans plusieurs disciplines sportives de cette nation dont le système de développement est décentralisé vient d’une culture de « pour la joie de la pratique sportive » et non de « À nous le podium ».
Les podiums viendront sans aucun doute si c’est le charbon qui brûle chez l’athlète.