Laurence St-Germain a déjà la tête à la prochaine saison

Laurence St-Germain a déjà la tête à la prochaine saison

 
MIKAËL LALANCETTE
Le Soleil
La dernière saison de ski alpin ne vient de prendre fin que Laurence St-Germain s’apprête déjà à lancer la suivante. 17e lors de l’épreuve de slalom des derniers Jeux olympiques de Pékin, la skieuse de Saint-Ferréol-les-Neiges dit avoir beaucoup appris de la dernière année. Le Soleil l’a rencontré pour en tracer un bilan.
 

Lorsque la jeune femme de 27 ans entre dans le café du Vieux-Québec où l’auteur de ces lignes lui a donné rendez-vous, une pluie fine balaie la capitale. Dans sa région natale, l’hiver a effectué un retour en force en distribuant quelques centimètres de neige. 

«Moi qui a hâte à la saison de vélo!» se désole en riant St-Germain avant d’enfiler une première gorgée de café.

Sa prochaine saison de ski est pourtant sur le point de recommencer. Dimanche, la slalomeuse quittera Québec pour Calgary, où auront lieu les tests physiques de l’équipe canadienne, avant d’aller skier pendant trois semaines à Sunshine, près de Banff en Alberta.

Là-bas, St-Germain aura l’occasion de s’entraîner dans de la poudreuse, ce qui n’est pas vraiment coutume sur le circuit de la Coupe du monde. «Je ne suis pas super satisfaite de ma saison donc j’ai hâte de recommencer à zéro», laisse-t-elle tomber à l’aube de ce qu’on peut qualifier de nouveau départ.

Toujours déçue

Laurence St-Germain ne s’en cache pas, elle a trouvé sa dernière saison «difficile». Elle avait mis la barre élevée après avoir connu sa meilleure année en carrière, dont quelques présences en top-10. N’eut été ses 8e et 9e places à Schladming et Lienz, en Autriche, la skieuse québécoise a eu l’impression de faire du surplace, peut-être même de reculer.

«C’est normal que ce ne soit pas toujours mieux, relativise-t-elle avec quelques semaines de recul. Je sentais que j’avais une belle courbe d’amélioration donc je voulais faire un autre step cette année, surtout avec les Jeux, mais au contraire, ç’a été plus difficile.»

À Pékin, sa 17e place l’a déçue, elle qui avait terminé 15e lors des Jeux précédents, à PeyongChang. «Dans ma tête, je n’avais même pas pensé que je pouvais faire moins bien à ces Jeux-ci. Je skiais mieux, je me sentais meilleure et pourtant… Ç’a quand même été difficile de digérer ça.»

Deux mois plus tard, St-Germain préfère se concentrer sur le «positif». Elle s’est pointée à la course la plus stressante de la saison avec la «bonne attitude», et ce même si une série de petites erreurs l’ont privée d’un meilleur résultat qu’en 2018.

«Avec du recul, je suis encore déçue du résultat sur papier, mais je sais que dans les gros événements, il faut que j’aie cette même attitude [agressive et confiante]. Je suis vraiment partie en force et je veux amener ça en Coupe du monde, où je suis peut-être devenue trop confortable.»

Sa saison difficile s’est aussi fait sentir à l’entraînement, où elle s’estimait «loin des filles» de l’équipe. «J’ai eu de la misère à trouver les bonnes pièces d’équipement qu’il me fallait. J’ai beaucoup hésité à faire le choix de matériel avec lequel je me sentais confortable et ç’a joué un peu. J’ai pris ma décision beaucoup trop tard au lieu de faire confiance en mon choix et de me concentrer sur les courses.»

La skieuse Laurence St-Germain était à Québec, mardi

Des changements

St-Germain a appris la semaine dernière qu’un nouveau technicien lui serait exclusivement attitré la saison prochaine, alors qu’il était en affectation partagée dans les dernières années. «Ça va être un gros gros plus pour moi, s’emballe-t-elle. Enfin j’aurai un technicien d’expérience à 100% avec moi. Ç’a été ma meilleure nouvelle du printemps.»

Comme le reste de ses coéquipières de l’équipe canadienne, la skieuse évoluera aussi sous les ordres d’une nouvelle entraîneuse, Karin Harjo, nommée à la tête de la formation féminine de ski alpin dans les derniers jours.

L’embauche de l’Américaine d’origine norvégienne plait à Laurence St-Germain, maintenant une vétérane de l’équipe. «Je lui ai parlé et elle a l’air vraiment motivée. Ça va être une vraiment bonne leader et ça nous manquait un peu. Il manquait beaucoup de communication dans l’équipe et d’avoir une leader comme elle ça va être super bon.»

Un déménagement 

Cet automne, l’ancienne protégée de l’Université du Vermont déménagera à Montréal où elle reprendra des cours de génie biomédical à Polytechnique en présentiel. St-Germain avait fait le choix de ne pas en suivre cet hiver dans le contexte difficile de la pandémie. «J’ai quand même hâte de retourner en classe. Ça va me garder occupée. À bien y penser, ç’a peut-être été un enjeu dans de ma saison où il n’y avait que le ski dans ma vie, je ne pensais qu’à ça.»

Elle s’esclaffe en évoquant la possibilité de décrocher et de se changer les idées en suivant des cours de physique et de chimie. Et si son parcours académique était lié à sa personnalité de skieuse? 

St-Germain fait le lien elle-même. «J’aime vraiment ça apprendre, j’aime ça quand je sens que je m’améliore, dit-elle. Je ne suis pas quelqu’un de compétitif. Quand j’étais jeune, je n’ai jamais aimé la compétition comparativement à mon frère. Moi je faisais ma petite affaire. Mais [il y a toujours un mais] je suis ultra orgueilleuse. Quand je n’ai pas quelque chose, ça m’énerve. C’est ce qui fait que je suis rendu ici aujourd’hui.»

Une science

Laurence St-Germain se sert de son sport en guise de métaphore. «C’est quasiment de la résolution de problèmes pour moi, de comprendre un mouvement et de l’exécuter par la suite. C’est ça qui me motive et c’est ce que j’ai trouvé difficile cette saison. Je n’étais pas capable de trouver le problème du pourquoi je n’allais pas plus vite. Tu ne peux pas trouver la solution quand tu ne vois pas le problème.»

Il lui est souvent arrivé, cette saison, de ne pas comprendre pourquoi elle sous-performait autant lors des courses. «Je regardais la vidéo et je me disais : “Pourtant c’est beau, je skie bien, Pourquoi je ne vais pas plus vite?’’ C’était super frustrant.»

En bonne forme physique, l’athlète de Québec a apprécié les services de sa préparatrice mentale et sait «quoi travailler l’année prochaine». De tout petits détails certes, mais qui pourraient faire une grande différence.

À son retour de l’Ouest canadien, en mai, St-Germain s’autorisera de petites vacances, au Portugal, avec quelques amies. 

Ce voyage en Europe, ce sera le premier de sa vie dans un autre contexte que le ski. «Je me demande justement quel sac je prendrai. Je n’aurai pas de manteau ni de casque à traîner. Ça va être facile!»

À son retour, les pistes cyclables devraient être toutes prêtes pour son été de vélo. 

On ne sait jamais avec les longs hivers québécois…